Startups, PME, grands groupes ; les entreprises gagnent du terrain sur les terres du coworking, longtemps chasse gardée des travailleurs indépendants. Une alternative au télétravail et au travail de bureau qui séduit responsables et salariés, mais qui doit également faire face à de multiples craintes et résistances.
Alternative au télétravail à la maison
Des DRH et managers réticents à l’idée de perdre le contrôle ou de devoir faire face à une multiplication des contraintes (complexité de mise en oeuvre, gestion des accidents du travail, sécurité des données, politique d’indemnisation) ; des salariés effrayés à la perspective de se retrouver isolés ou de transgresser les règles implicites de l’entreprise… Le télétravail, qui pourtant convainc celles et ceux qui s’y essaient, semble paradoxalement connaître quelques difficultés à s’imposer en France, du moins sous sa forme « home office » (travail à la maison).
Dans ce contexte de forte indétermination, les tiers-lieux apparaissent de plus en plus comme un consensus sur lequel la plupart des dirigeants et des salariés concernés sont désormais prêts à s’engager… Les salariés, travaillant principalement pour des TPE, PME ou des associations représentent d’ailleurs environ la moitié des coworkers ; l’autre moitié étant constituée, comme on peut s’y attendre, de freelances dont les profils ne cessent de se diversifier.
Une adaptation pas toujours heureuse
Si de nombreuses études ont en effet largement démontré que ces environnements de travail pouvaient jouer un rôle bénéfique sur le niveau d’engagement et la satisfaction des salariés, notamment lorsque ceux-ci ont la chance d’évoluer dans des espaces modernes et innovants, il ne faudrait toutefois pas en tirer des conclusions trop hâtives.
En effet, selon une récente étude menée par le site Meilleures-entreprises.com, 60 % des salariés sondés ne seraient pas pleinement satisfaits par la capacité de ces espaces à stimuler leur créativité. Dans une interview donnée au site les Echos.fr, François Dupuy, sociologue spécialiste des questions managériales, avance l’explication suivante : le principe de coopération, caractéristique du mode relationnel de l’espace de coworking, qui nécessite en réel effort d’engagement de la part des coworkers, ne va pas forcément de soi pour le salarié habitué à son « cocon » où règne un formalisme rassurant.
60 % des salariés sondés ne seraient pas pleinement satisfaits par la capacité de ces espaces à stimuler leur créativité Cliquez pour tweeter
Pour convaincre leur personnel encore hostile à l’idée d’adopter ces nouveaux environnements qui se présentent parfois en rupture totale avec les conventions, les sociétés doivent entreprendre d’évidents efforts de sensibilisation qui passent par de la transparence et de l’accompagnement.
Et elles ont beaucoup à y gagner ! Car contrairement au télétravail à domicile, les entreprises peuvent en effet contrôler plus facilement l’itinéraire de leurs salariés en espace de coworking tout en s’assurant de la bonne réalisation des tâches confiées. Phénomène qui s’explique par la pression sociale engendrée par un lieu qui demeure symboliquement et matériellement associé au travail.
Solution pérenne ou simple phase de transition ?
Remède anti-routine par excellence pour les professionnels en panne de motivation et d’inspiration, oasis sociale pour les salariés en mobilité, l’espace partagé peut devenir un second bureau ou se muer en salle de séminaire ou de formation, selon les besoins du moment. Une chance pour les jeunes entreprises à la recherche d’un lieu d’exercice à la fois accueillant et modulable, qui leur permet d’économiser le loyer élevé d’un local commercial et les nombreuses contraintes logistiques qui s’y rapportent.
Reste que, si elle est appréciée par un nombre croissant de travailleurs, cette solution est le plus souvent considérée comme une simple étape transitoire pour des équipes qui, le succès venant, se retrouvent tôt ou tard devant la nécessité d’envisager une autre solution plus pérenne. Car lorsque les effectifs grandissent trop, le coût engendré par l’occupation en espace de coworking peut rapidement grimper, du fait de structures avant tout adaptées aux petites équipes.